Le régime fiscal d’une société civile de moyens (SCM) est un sujet complexe qui mérite une attention particulière. En tant qu’avocat, il est important de bien comprendre les rouages de ce dispositif pour conseiller au mieux vos clients et les aider à optimiser leur situation fiscale. Dans cet article, nous aborderons en détail les différentes spécificités du régime fiscal d’une SCM, en passant par sa création, son fonctionnement et ses obligations fiscales.
Qu’est-ce qu’une société civile de moyens (SCM) ?
La société civile de moyens, ou SCM, est un type de société dont l’objet est la mise en commun de moyens matériels et humains pour faciliter l’exercice professionnel de ses membres. Elle n’a pas pour objet la réalisation d’un bénéfice, mais permet simplement aux professionnels concernés de partager des coûts et des charges liés à leur activité. Les professions libérales sont particulièrement concernées par ce type de structure, notamment les médecins, avocats, architectes ou encore experts-comptables.
Création et fonctionnement d’une SCM
Pour créer une SCM, il faut rédiger des statuts, qui vont déterminer les règles de fonctionnement de la société. Ces statuts doivent être signés par tous les associés, et la société doit être immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) pour être reconnue légalement. Les associés peuvent être des personnes physiques ou morales, et la société est dirigée par un ou plusieurs gérants.
Les apports des associés dans une SCM peuvent être en numéraire, en nature (matériel, immobilier…) ou en industrie (compétences, savoir-faire…). En revanche, les apports en capital ne sont pas obligatoires, contrairement à d’autres types de sociétés. Les associés sont responsables indéfiniment et solidairement des dettes sociales de la SCM, ce qui signifie qu’ils doivent les assumer personnellement si la société ne peut pas les régler.
Régime fiscal d’une SCM : l’imposition sur le revenu
Le régime fiscal d’une SCM est particulier, puisque la société n’a pas vocation à réaliser des bénéfices. Ainsi, elle n’est en principe pas soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), mais plutôt à l’impôt sur le revenu (IR) dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC).
Cependant, il faut distinguer deux situations :
- Lorsque la SCM met à disposition de ses membres des moyens matériels et humains sans réaliser aucune prestation de services : dans ce cas, elle n’est pas considérée comme exerçant une activité professionnelle et n’a donc aucune obligation fiscale propre. Les charges supportées par la SCM sont alors réparties entre ses membres et déduites directement de leurs résultats personnels soumis à l’IR.
- Lorsque la SCM réalise des prestations de services pour ses membres : dans ce cas, elle exerce une activité professionnelle et doit déclarer les recettes qu’elle perçoit au titre de ces prestations. Les charges supportées par la SCM sont alors déduites de ces recettes, et le résultat ainsi obtenu est réparti entre les membres proportionnellement à leurs droits dans la société. Ce résultat est ensuite déclaré par chacun des membres dans leur propre déclaration d’IR, dans la catégorie des BNC.
Les obligations fiscales d’une SCM
Bien que la SCM ne soit en principe pas soumise à l’IS, elle a tout de même certaines obligations fiscales à respecter :
- Déclaration annuelle de résultats : chaque année, la SCM doit remplir une déclaration n° 2035-SD, qui retrace l’ensemble des recettes et dépenses réalisées au cours de l’exercice.
- TVA : si la SCM réalise des prestations de services soumises à TVA, elle doit facturer cette taxe à ses membres et la reverser à l’administration fiscale. Elle doit également remplir une déclaration CA12A ou CA3 selon le régime applicable.
- Cotisation foncière des entreprises (CFE) : bien que la SCM n’ait pas vocation à réaliser des bénéfices, elle peut être redevable de cette taxe locale si elle dispose d’un local professionnel ou si elle exerce une activité professionnelle.
Il est essentiel pour les membres d’une SCM de bien connaître leurs obligations fiscales afin d’éviter tout redressement ou pénalité de la part de l’administration fiscale.
Avantages et inconvénients du régime fiscal d’une SCM
Le régime fiscal d’une SCM présente plusieurs avantages pour ses membres :
- La possibilité de partager les coûts et charges liés à l’activité professionnelle, ce qui permet de réaliser des économies d’échelle.
- La transparence fiscale, qui permet aux membres de déduire directement les charges supportées par la SCM de leurs résultats personnels soumis à l’IR.
- L’exonération d’IS, car la SCM n’a pas vocation à réaliser des bénéfices.
Cependant, il existe également des inconvénients :
- La responsabilité indéfinie et solidaire des associés pour les dettes sociales de la SCM, ce qui peut représenter un risque financier important.
- Les obligations fiscales à respecter, même si la société n’est pas soumise à l’IS.
Dans certains cas, il peut être judicieux pour les professionnels concernés de choisir une autre structure juridique et fiscale plus adaptée à leur situation, comme une société d’exercice libéral (SEL).
Pour vous accompagner dans le choix du régime fiscal le plus adapté à votre situation et répondre à toutes vos questions en matière de fiscalité, n’hésitez pas à consulter un avocat spécialisé en droit des sociétés et en droit fiscal. Il saura vous conseiller au mieux et vous aider à optimiser votre situation.